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20 mars 2013 3 20 /03 /mars /2013 19:11

 

Critique : Le final de Dr. House

 

(Attention spoilers !)

 

 

C'est la fin ! C'est la fin... de l'une des plus grandes séries de l'Histoire ! L'occasion de revenir sur notre médecin misanthrope préféré, qui livre son dernier diagnostic.

 

 

Ce mardi 19 mars 2013, TF1 diffusait les deux derniers épisodes de Dr. House, le diagnosticien cynique qu'il est inutile de présenter. Débutée en 2004 et au travers de huit saisons, la série s'est révélée d'une incroyable qualité d'écriture et bouleversant le monde de la fiction hospitalière, qui, à part avec Urgences et Grey's Anatomy, n'a pas grand-chose pour vanter les mérites de nos médecins en blouse blanche. D'ailleurs, pas question ici de soap opera sur fond de blocs opératoires, car c'est le cas qui intéresse. Véritable génie de la médecine qui méprise ironiquement l'être humain et la vie, Gregory House est une sorte de Sherlock Holmes, qui traque et cherche à comprendre les patients atteints par les plus incroyables des maladies. D'où la forme singulière des épisodes qui alternent brillamment l'enquête (qui révèle souvent les coins les plus sombres des patients, questionnant perpétuellement le spectateur et les docteurs sur la condition de l'Homme) et la vie privée de notre bougon adoré, incarné avec brio par le désormais célèbre Hugh Laurie.

 

 

Si, avec le temps, la série s'est quelque peu répétée (réitérant sans cesse la même construction des diagnostics), c'est aussi pour pouvoir accentuer les relations de House avec son entourage, principalement composé de ses collègues, dont son meilleur (et seul) ami : Wilson. Cela n'a pourtant pas engendré un désintérêt des spectateurs (sauf aux États-Unis, où l'audience était en déclin) car House est loin d'être un homme parfait. Souffrant en permanence de sa jambe droite suite à une opération, il est obligé d'utiliser une canne et de se droguer à la Vicodin (un analgésique). Pensant que le monde s'acharne sur lui, notre médecin à l'intellect exceptionnel n'en est que plus moqueur, autodestructeur et excessif. Si ces défauts l'aident à sauver ses patients, ils ne font que l'enfoncer dans la solitude et le malheur, l'entraînant jusqu'en hôpital psychiatrique et en prison.

 

 

La question qui, de ce fait, taraudait tout le monde était : House doit-il mourir pour enfin être heureux ? Après tout, le départ (relié donc à la mort) a toujours été un sujet omniprésent dans la série. De la maladie incurable de Numéro 13 en passant par les démissions de Cuddy et de Chase ou encore le suicide inexpliqué de Kutner, elle touche en cette fin de saison Wilson, atteint d'un cancer (ironique pour un oncologue). Il prouve qu'il est définitivement la seule personne à laquelle House tienne réellement. Il en est même une sorte de double bon. L'un sans l'autre, ils ne sont rien. Alors qu'il ne lui reste que cinq mois à vivre, son ami boiteux se voit condamné pour une plaisanterie de trop responsable de quelques blessés à l'hôpital. Sa peine est suffisamment longue pour qu'il ne puisse pas accompagner Wilson dans ses derniers instants. Suspense haletant pour un final qui semble assez pessimiste. C'est alors qu'House se réveille dans un immeuble en feu aux côtés d'un cadavre. Ainsi débute « Everybody dies ».

 

 

Pour son dernier cas, les scénaristes ont eu la bonne idée de donner à House la plus retorde des énigmes : lui-même. L'occasion de le plonger dans son subconscient, faisant apparaître à ses yeux des morts (Kutner et Amber) comme des vivants (Cameron et Warner, l'ancienne compagne du médecin) qui vont tour à tour faire ressurgir les thèmes chères à la série : la religion, la souffrance, l'amour, la raison et...la mort ! House se retrouve dans un brillant combat avec lui-même dans un décor parfait pour sa situation. Si, d'habitude, les murs blancs ou colorés de l'hôpital, les blouses blanches et les lignes droites formées par les murs contrastaient avec cet homme au déplacement asymétrique toujours fringué d'un costard sombre, l'immeuble décrépi et abandonné embrassé par les flammes (qui se répandent jusqu'au plafond) reflète parfaitement son for intérieur et sa capacité d'autodestruction. Wilson et Foreman arrivent malheureusement trop tard. L'immeuble explose. House est mort ! Vive House !

 

 

Mais les scénaristes sont aussi malins que leur personnage, nous faisant presque oublier qu'il est maître dans l'art de la manipulation. Alors que tout le casting tient l'évidence à ses obsèques qu'il « savait aimer » (Wilson insistant tout de même sur le fait que c'était un « sale con ! »), on découvre que House a pu s'enfuir par la porte de derrière et a échangé les dossiers d'empreintes dentaires avec le macchabée retrouvé dans le bâtiment. Se prouvant à lui-même au bout de son diagnostic qu'il pouvait changer, l'ancien House est finalement mort et se permet une renaissance. Si cette fin peut décevoir les fanatiques du cynisme ambiant habituel, elle est en définitive dans la logique de la série. Le patient est guéri et va pouvoir continuer de vivre une belle vie, bien qu'elle amène toujours des souffrances. Se terminant sur un plan aérien de House et Wilson sur deux motos (symbole de liberté) au milieu d'arbres, ce final fait preuve d'un certain lyrisme et n'oublie pas de placer l'Homme, cette créature complexe, comme élément de la Nature. A travers son aspect politiquement incorrect, Dr. House est tout compte fait une série profondément humaine, qui se termine à l'image de son personnage : sans guimauve et discours inutiles. Si (comme moi), vous aviez tout de même la larme à l'œil à l'idée d'assister à la fin d'un voyage incroyable de presque dix ans, vous serez aussi pris d'effroi quand vous vous poserez la question : Qui pourra succéder à une œuvre aussi géniale ?

 

 

États-Unis (2004-2012)

Série crée par David Shore

Avec Hugh Laurie, Robert Sean Leonard, Jesse Spencer, Omar Eps, Peter Jacobson...

Chaîne d'origine : Fox

 

 

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18 mars 2013 1 18 /03 /mars /2013 21:23

 

Critique : Le monde fantastique d'Oz de Sam Raimi

 

 

 

Un prequel étonnant et épatant sur un classique du cinéma, offrant une belle démonstration de ce qu'est la magie du 7ème art.

 

 

C'est définitivement la mode des prequels, ces films dont l'histoire se déroule avant le volet précédent. Alors que le public demande de plus en plus à connaître les origines de leurs personnages favoris, les studios se tournent quant à eux de plus en plus vers les classiques du cinéma, de La planète des Singes au Silence des Agneaux. Mais qui aurait crû que Disney puisse un jour décider de produire un film relatant les débuts du Magicien d'Oz, adapté du livre de L. Frank Baum et du long-métrage de Victor Flemming ? Un projet « ozé » (d'accord j'arrête) que de faire d'Oscar Diggs un petit prestidigitateur dans le Kansas du début du XXème siècle, qui va, après un accident de montgolfière, se retrouver plonger dans le monde d'Oz. Disney ne pouvait donc pas confier la réalisation à un simple faiseur, mais à un auteur. Sam Raimi s'est révélé être la personne idéale.

 

 

Commençons de suite avec les mauvais points, qui viennent du scénario. Si la bande-annonce du film le laissait déjà pressentir, Le monde fantastique d'Oz contient beaucoup trop de similitudes avec Alice aux pays des merveilles, ce qui n'a pas empêcher les studios de vanter le fait que les producteurs étaient les mêmes que pour le semi-ratage de Tim Burton. Le fil narratif est identique (un personnage qui se cherche va tomber dans un monde fantastique dont les habitants verront en lui un élu qui pourra sauver leur monde), illustré par les mêmes images en CGI (certes sublimes). De plus, en voulant rendre hommage à l'œuvre originale (amenant des références jouissives), Sam Raimi livre un scénario par moments gentillet (c'est un Disney après tout) et même parfois arriéré. N'étant pas un vrai magicien, Oz va utiliser la ruse pour accomplir ses desseins, laissant la population croire en un mythe qui se révèle être une escroquerie (autrement dit il instaure une croyance aveugle, d'une manière assez proche des religions). Il justifiera cela avec une réplique très disneyienne que l'on pensait à jamais disparue dans les profondeurs des phrases utopistes aux limites du kitsch : « Rien n'est impossible, il suffit d'y croire ! »


 

Il est vrai que l'on attendait pas cela de Sam Raimi, réalisateur des Evil Dead ! Si, de manière ressemblante à Tim Burton, son étiquette de cinéaste underground s'est vue remplacée par celle de faiseur de blockbuster, il n'a pourtant rien perdu de son talent (il fut le premier à faire planer l'ombre du 11 septembre 2001 sur un film de super-héros avec ses Spider-Man), prenant même mieux le virage que le premier. Pourtant, à travers ce prequel d'Oz, lui et ses fans ont douté : s'est-il laissé bouffer par la machine hollywoodienne ? Non, car malgré les défauts cités précédemment, Raimi a su mélanger l'aspect enchanteur du monde d'Oz à une certaine noirceur. Le jaune orangé du coucher du soleil peut très bien côtoyer un épais nuage de fumée annonçant un massacre. Les sorcières se disent toutes gentilles, alors qu'une seule ne l'est vraiment (Michelle Williams et sa gueule d'ange). D'ailleurs, comme dans les Spider-Man, les méchants ne le sont pas par choix, mais par nécessité ou accident. Si Evanora (Rachel Weisz) fait tout pour avoir le trône du royaume, elle provoque la transformation de sa sœur Theodora (Mila Kunis, sexy mais que au début), la manipulant grâce à son chagrin. Raimi joue avec le manichéisme inhérent à l'imaginaire Disney, même à travers son héros, véritable séducteur et escroc qui arrivera cependant à s'acheter une conduite (James Franco remplit parfaitement son rôle).

 

 

Le monde fantastique d'Oz est par ailleurs construit sur une forme binaire. Les forces du bien contre les forces du mal, hommages contre inventions, stéréotypes contre idées nouvelles, etc. L'évidence est frappante lorsqu'Oscar découvre que les personnages du monde réel ont un double dans le monde d'Oz, pouvant ainsi y accomplir des actes dont il était incapable avant (Burton avait eu la même idée avec Alice, mais n'avait pas su l'exploiter). Malgré le fait qu'il remet en évidence le message sur la croyance, il faut avouer que le passage dans lequel une petite fille demande au magicien de lui permettre de marcher, en comparaison avec la poupée de porcelaine dont il recolle les jambes est particulièrement émouvant. En fait, certains défauts du film n'en sont pas. Les sorcières, qui semblent tout droit sorties des premiers Disney sont en réalité bien plus complexes. Trompées et déçus par les hommes qui les ont abandonnés, elles prennent le contrôle de la situation. A travers un mélange des genres, Sam Raimi use de la diversion, outil nécessaire à tout bon magicien. A un élément attendu, il le modifie à l'aide d'une pirouette, sort le lapin de son chapeau et la colombe de sa manche. Et c'est grâce à cela que Le monde fantastique d'Oz se trouve une réelle identité.

 

 

Grand cinéphile, le réalisateur rend au passage hommage au 7ème art, et pas seulement par le prisme du long-métrage de 1939. En effet, on peut dire (sans trop spoiler) que le magicien sauve le monde d'Oz grâce au cinéma ! Un film est un spectacle, une œuvre faite pour tromper et emporter, tout comme les tours d'Oscar Diggs. En cherchant à s'en rapprocher, Sam Raimi fait preuve d'une grande ingéniosité. Sa mise en scène est magistrale, mêlant brillamment ses décors en images de synthèse aux actions de ses acteurs. Les acrobaties de Spider-Man lui ont donné de l'expérience : ses plans sont aériens, proche de l'incroyable plan-séquence de Spielberg sur son Tintin, accompagnés par la musique totalement appropriée de Danny Elfman. Cependant, il sait aussi mettre un rideau devant sa vitrine technologique pour livrer d'autres plans inventifs, parfois en jeux d'ombres. Le film débute même en noir et blanc, au format 1,33, avant de s'ouvrir au Cinémascope et ses couleurs vives. La 3D, quant à elle, est l'une des meilleures jamais pensées à ce jour, accentuant la profondeur tout en faisant sortir des objets de l'écran. A partir d'éléments de marketing, le cinéaste offre une interactivité stupéfiante avec le spectateur, comme si l'on nous demandait d'être un assistant du magicien Raimi. Au final, Le monde fantastique d'Oz est un véritable tour qui exploite pleinement la magie du cinéma !

 

 

2013

États-Unis (2h07)

Avec James Franco, Mila Kunis, Rachel Weisz, Michelle Williams, Zach Braff...

Scénario : Mitchell Kapner, David Lindsay-Abaire. D'après l'œuvre de L. Frank Baum.

Distributeur : Buena Vista Pictures

 

Note : 15/20

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13 mars 2013 3 13 /03 /mars /2013 18:26

 

 

 

La Carte

 

I

 

  Une sphère emplie de points colorés emplit la pièce et la plongea dans sa lueur froide.

  La figure quasi-abstraite éclaira faiblement une silhouette drapée d'écarlate. Celle-ci se déplaça d'un pas lent et nonchalant au centre de la salle désormais habitée par une vie artificielle. La sphère pivotait lentement dans un réceptacle invisible.

  La silhouette s'approcha de la sphère et celle-ci s'immobilisa en lui exposant un point bien particulier de sa surface qui paraissait à première vue montré de manière arbitraire. En réalité, un point de couleur verte cerné d'une multitude d'autres points bleus majorelle s'était arrêté de sorte à ce qu'il soit le plus proche possible de la hauteur des yeux de l'être enveloppé d'écarlate. Il les contempla un instant et étendit son bras longiligne pour toucher le centre de cet amas de son fin doigt. Une interface se déploya autour de lui et en son sein par l'intermédiaire de connections neurales reliées à son esprit, lui inondant le mental d'informations que l’œil et le cerveau d'un simple humain ne pouvaient percevoir ou même appréhender. L'aura qui émanait de la sphère pénétrait la silhouette et lui insufflait des milliers de connaissances en quelques dixièmes de secondes.

  À l'inverse, l'être dégageait une aura que n'importe qui pouvait sentir, celle du pouvoir. Cet aura n'était pas juste une empreinte ou une impression. Il savait tout ce qui était à la portée de son infinie perception. Il pouvait calculer ce qu'il voulait calculer, il pouvait penser ce qu'il voulait penser, et il pouvait faire ce qu'il voulait faire. Si quelque chose s'opposait à lui, il l'écartait d'une pensée. La galaxie était -sans être à ses pieds- à sa portée, tout au moins mentale.

  L’atmosphère du lieu était céleste, et l'était d'autant plus que ce lieu était situé à plusieurs années-lumières de toute autre forme de matière de plus d'un kilomètre de diamètre. Ce lieu était perdu, mais relié à tout le reste de la galaxie par des connections invisibles. Ici se faisait une quantité énorme de choses sans que plus d'une personne -du moins, encore en vie- ne soit au courant, et cela depuis plusieurs milliers d'années. Depuis des milliers d'années, les êtres conscient de la galaxie étaient surveillés, contrôlés et soumis à des batteries de tests sous l'égide d'une sorte de dieu.

  Ce dieu, dans un silence quasi-total, se mit à marcher pendant des heures autour de la sphère, qui suivait ses mouvement de son œil constitué de points, tel un cyclope qui attendait ses ordres de son père. Alors, comme si la toge écarlate l'attendait depuis des années, elle tourna lentement ce qui pouvait lui servir d'yeux vers le point couleur végétale qui devint subitement plus vif, d'une couleur subtilement différente à celle dont elle était teinte avant. Le drapé fit quelques pas en avant vers ce changement, infime dans cet amas de points qui représentait la galaxie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

II

 

  Sur la petite Terre, je finissais d'emballer mes bagages alors que le soleil commençait à se coucher. Le grand départ était à trois heures cinquante-sept du matin. Ce qui correspondait à presque une heure et demi du matin là d'où je viens ; une petite région nommée France située dans le département Ouest-Européen.

  La chaleur était lourde et torride au Centre Spatial Guyanais, un des plus vieux sites de lancement au monde encore intact, bien que quasiment chacun de ses composant ne date pas de sa construction originale, dans les années 1970. Le centre spatial avait été construit au nord du département Sud-Américain, au plus proche possible de l'équateur pour le gouvernement Français de l'époque.

  Depuis, des années et des années avaient passé, et le site était toujours plus moderne. En regardant sur sa gauche, le module de lancement s'élançait vers les cieux, pointant du doigt les étoiles comme pour les mettre en garde contre ce qu'il allait débuter et qui allait avoir une répercussion sur la galaxie entière. En regardant sur la droite, une épaisse jungle contrastait avec toutes les installations humaines, des étincelles d’inerte au milieu de toute cette vie grouillante.

  Je n'allais perdre personne en quittant cet « ici-bas » . Bien au contraire, j'allais connaître l'équivalent de toute un petit village, bientôt. Mon ancienne vie n'était plus une vie. Dans les rues de Paris, je ne me suis jamais senti bien. Tout ce vieux me révulsait ; où que j'aille. En Europe, en Amérique, en Asie... Tout était vieux. Aucun lieu n'était nouveau. Et alors que j'obtenais mon diplôme d'ingénieur en sidérurgie atomique, j'entendis parler du grand projet. Un projet qui aurait dépassé l'entendement au moment où il fut envisagé sérieusement pour la première fois. Et en effet, ce projet était colossal, et quasiment l'ensemble des différentes couches et catégories de l'humanité était requise ; toute la Terre était mobilisée pour un projet révélé au grand public seulement une année auparavant. Dès lors, des milliers et des milliers de volontaires s'étaient proposés pour prendre part à l'immense entreprise, et seulement quelques centaines furent sélectionnés pour semer les graines là où il fallait les semer.

  J'étais un de ces élus, choisi parce que j'avais, en plus de mon diplôme et de quelques années à « perdre », choisi de faire des spécialisations qui n'auraient pu être que fioritures inutiles pour enjoliver un Curriculum Vitae et charmer un patron, si le projet ne s'était pas présenté sous mes yeux comme il l'avait fait, de manière totalement hasardeuse. Je l'avais vu, écrit dans un article comme un fait divers ressemblant étrangement à une perte de temps de la part du gouvernement des nations unies pour fédérer plus de personnes sous sa bannière et éviter les divergences politiques. Mais à ce moment-là, j'étais dans un endroit des plus perdus de la planète, au beau milieu de l'océan sur un navire qui devait me remmener dans ma France. Alors, lisant sur le pont du navire le petit article de quelques cinq cents mots, je levai les yeux vers les étoiles. Et vis la voûte céleste, pure et nettoyée de toute pollution qu'on put trouver sur quasiment tous les continents de la Terre. C'est à cet instant-là que je compris où trouver le nouveau : il faut la trouver dans l'ancien, dans ce qui est plus que millénaire et qui est éternel à l'échelle humaine. Le renouveau se fera dans les étoiles. C'est pour cela que je me suis inscrit dans ce grand départ. Peut-être l'histoire ne retiendra pas mon humble nom, mais au moins j'y aurais été, et j'y aurais aidé.

  En ce soir, l'humanité part pour son plus grand départ ; les Hommes partent colonisent un autre système solaire que le leur.

  Je fermais ma valise qui contenait mon peu d'affaires personnelles avec un cliquetis qui indiquait le verrouillage mécanique de celle-ci. Un peu fatigué par le rythme assez trépidant des derniers jours, je m'asseyais dans l'unique fauteuil de la suite dans laquelle j'avais été logé cette semaine. Quelques minutes après le début de mon introspection, une alarme retentit dans ma chambre pour me sommer de partir de mon foyer au plus vite.

  Vite, je vérifia de n'avoir rien oublié, pris en main mes affaires et passais la porte qui se ferma et se verrouilla automatiquement derrière moi.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

III

 

La première fusée que j'allais prendre ne serait pas le voyage finale, juste un premier pas, une marche désagréable à monter pour monter dans le véhicule final. Je mis ma petite valise de format réglementaire dans l'élévateur qui la mènerait à sa soute, et monta moi-même dans un ascenseur qui me conduisit directement au somment de la pique qui allait percer le firmament.

  Les passagers qui m'accompagnèrent eurent autant de mal que moi à s'asseoir dans l'habitacle dans lequel on était contraint d'être assis dos au sol. À mon côté droit se mit une jeune femme blonde qui paraissait tordue de stress dans son fauteuil, et à ma gauche s'installa un homme aussi neutre qu'il aurait pu en avoir l'air s'il était artificiel.

  L'ambiance était bizarrement contrastée. Moi, je me sentais... Serein. J'appréhendais ce qui allait suivre, mais j'étais serein. Tout était programmé au nanomètre près, et même mes instincts primaires ne m'avertissaient d'aucun danger inventé par mon imagination.

Une voix froide nous dicta en Anglais, en Chinois et en Espagnol les précautions à prendre avant le décollage. Et nous partîmes. L'accélération nous plaquait contre nos sièges, mais je me sentais calme. La pression exercée contre moi était presque rassurante, comme une couverture bien lourde, en plus violent quand même.

  Arrivés en orbite, notre module de lancement se détacha et nous nous arrimâmes à ISS IV, la station spatiale internationale à laquelle était arrimée notre embarcation spatiale : l'Amœba. Nous nous levâmes de nos sièges, en totale apesanteur. Nous flottâmes comme dans un rêve jusqu'au sas et traversâmes la station en passant par ses branches jusqu'à arriver au formidable bourgeon qu'était l'Amœba. En y entrant enfin, avec des chariots de bagages uniformes, nous y découvrîmes l'intérieur blanc, silencieux et épuré du vaisseau.

  Après être tous arrivés, on nous demanda de nous mettre tous nus. Certains éprouvèrent des réticences, mais forcèrent leur pudeur en imitant ceux qui avaient déjà commencé de se déshabiller. Tous les passagers se firent prier de s'allonger dans des cylindres matelassés. Nous obtempérâmes tous, beaucoup avec une certaine gène et de vaines tentatives de cacher leur corps derrière leurs mains -autrement dit d'autres parties de leur corps-, tandis que quelques uns assumaient leur être et s'allongèrent comme si de rien n'était dans les cylindres. Ce fut mon cas. Je me sentais libéré de tout. Toujours serein et calme.

  Un morceau très doux de piano signé Mozart se diffusa délicatement dans l'Amœba par des hauts-parleurs situés dans tout le vaisseau pendant que des médecins nous appliquaient des électrodes, des perfusions, des respirateurs et des capteurs divers et variés. Nous allions être mis en hibernation, en stase, et nous de vivrons pas quelques mois de ce long voyage qui durera plusieurs années. Nous nous réveillerons d'un sommeil sans rêve, engourdis, et avec un vrai rêve à portée.

  Mon cylindre se referma lentement sur moi, et mon bras se glaça des anesthésiants qui passèrent dans mes veines.

  Je me sentais... Serein.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

IV

 

  Sur la carte, un minuscule triangle venait d'apparaître et commençait à se déplacer infiniment lentement vers l'un des points bleu majorelle qui cernaient le point. L'être drapé de rouge était satisfait. Des milliers d'années arrivaient à cela, enfin. Le travail n'était pas terminé, loin de là. Le travail ne sera probablement jamais terminé, et encore moins en sa présence. L'Écarlate était soulagé.

Juste avant de se retirer de la salle des cartes, il fit pivoter la carte jusqu'à regarder fixement un tout autre point dans cette sphère, bien à l'opposé du premier. Il l'examina bien longtemps.

Et ce point passa du vert clair à un vert plus vif.

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12 mars 2013 2 12 /03 /mars /2013 10:49

 

Critique : Spring Breakers de Harmony Korine

 

 

 

Un ovni bien boosté qui vous tiendra scotché à votre fauteuil grâce à ses actrices parfaitement choisies et une métaphysique étonnante au milieu d'un rêve désillusionné.

 

 

Le spring break, qu'est-ce que c'est ? Des gigas teufs en Floride aux vacances de printemps, auxquels les étudiants américains participent, dans un feu d'artifices de musique, d'alcool, de drogues et de petits culs... Bref, la liberté ! Après une intro démonstrative sur fond de musique de Skrillex (qui, avec Cliff Martinez, signe une BO absolument magistrale), on pouvait s'attendre à un film inutilement provocateur pour des adolescents inutilement provocateurs. C'était sans compter le talent de Harmony Korine, réalisateur qui a tout compris de la nouvelle génération, ne serait-ce qu'en voyant ses personnages principaux. En effet, il se concentre sur quatre teenagers en apparence gentilles filles... jusqu'à ce qu'elles braquent un fast-food pour se payer leur voyage au pays de l'éclate ! Si au début, tout se passe dans le meilleur des mondes (le réalisateur a l'intelligence de ne pas critiquer le spring break ; il va même jusqu'à le justifier), les copines finissent une nuit au poste.


 

La première bonne idée vient du choix des actrices, qui apportent le principal cachet du film. Il était osé de prendre des jeunes tout droit sorties pour la plupart de séries ou productions puritaines (made in Disney par exemple). Ce ne sont pas des pouffiasses de base au cerveau aussi vide que le cosmos car Korine leur a inventé une vraie personnalité. Faith (« foi » en anglais, et ce n'est pas anodin) est certainement la plus intéressante. Le cinéaste a compris comment utiliser le visage enfantin de Selena Gomez. Elle suit le groupe, mais rêve finalement autant de liberté que les autres (elle voudrait voir sa vie sur un écran et pouvoir cliquer sur pause). Son côté moins tête brûlée lui permet également de sentir que les choses vont déraper ; car si ce quatuor idéalise, ce n'est pas le cas du réalisateur, qui trouve le bon moment pour amener un nouveau protagoniste : Alien (oui, oui, c'est son nom !), un rappeur gangsta aux dents d'or (incarné par le méconnaissable James Franco).

 

 

Au milieu de toutes ces (jeunes) femmes, ce seul personnage masculin va permettre à Korine de placer un certain humour. Volontairement bling-bling (il avoue lui-même avoir moult objets inutiles), Alien est une sorte de cliché du gangsta rap, qui pourtant va se retrouver à la merci des quatre filles. L'image de caïd viril qu'il veut se donner en prend un coup. Ce décalage atteint son paroxysme lorsqu'il joue devant elles un morceau de Britney Spears, Everytime. Ce clip show (scène dont les images sont servies avec une musique souvent connue... comme dans un clip en fait) puise à partir de sa mélodie douce et de ses paroles peu profondes (en apparence) une véritable puissance, qui accompagne le groupe à ce moment muni de cagoules roses et braquant de pauvres gens avec des flingues tellement gros qu'ils nous rappellent que les Américains ont encore droit de se procurer des fusils d'assaut !


 

Mais finalement, tout le film se rapporte à un clip. Avec son esthétique particulière, ses voix-off qui répètent en boucle les mots « spring break », ses plans dynamiques aux couleurs criardes qui se frayent un chemin au milieu de la foule, on se dirait devant un documentaire de MTV. Korine réexploite parfaitement d'ailleurs de nombreux clichés de la pop culture, à commencer par la fameuse chaîne de télévision. Il sait cependant varier les plaisirs et plus son film devient sombre, plus l'image et le cadre le sont également. La lumière du soleil laisse place aux néons et aux bikinis fluorescents. Les montage est moins rapide, laissant au spectateur le temps de savourer la superbe direction de la photographie, qui accompagne une sorte de métaphysique que l'on attendait pas forcément.

 

 

En effet, il relève de Spring Breakers une poésie étrange, mélange de beauté et d'horreur, de fascination et de dégoût. Si la fin du long-métrage se tourne peut-être trop vers le film de gangsters, elle ne fait que souligner la fin d'un rêve. Un rêve qui se termine dans la violence, un rêve éphémère, le rêve américain. A travers ce retour à un d'état primaire, bestial, où les limites sont à proscrire pour privilégier l'amusement et les rencontres, les quatre filles ne cherchent qu'à s'évader, à découvrir de nouvelles choses, à fuir cette société certes évoluée mais qui ne fonctionne que comme la consommation : en boucle. Le rite du spring break n'est en définitive pas critiqué. Korine ne dénonce que l'excès, qui n'est pas un effet de génération. Mélangeant les genres pour un résultat explosif, le film repose sur une sorte de paradoxe perpétuel, qui en énervera certains. Que l'on adore ou que l'on déteste, cette expérience, ce trip aussi impressionnant que déroutant est à connaître, en espérant qu'il sera plus qu'un film générationnel.

 

 

2013

États-Unis (1h32)

Avec James Franco, Vanessa Hudgens, Selena Gomez, Ashley Benson, Rachel Korine...

Scénario : Harmony Korine

Distributeur : Mars Distribution

 

Note : 17/20

 

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9 mars 2013 6 09 /03 /mars /2013 21:58

 

Critique : A la merveille de Terrence Malick

 

 

Terrence Malick revient pour un film toujours aussi beau visuellement sur l'amour et la foi. Mais n'y aurait-il pas un peu de déjà-vu ?

 

 

Neil (Ben Affleck) et Marina (Olga Kurylenko) vivent d'un amour fou, accompagnés de la fille de cette dernière. Elle est d'origine ukrainienne et parle français. Lui est américain. La première bonne idée du film vient de là : il n'y a presque aucun dialogue. Juste des situations, parfois décrites par une voix-off et par la sublime musique atmosphérique d'Hanan Towndshend. La caméra bouge telle l'eau d'une rivière, dans de somptueux travellings qui frôlent les personnages. Pour sûr, nous sommes bien chez Terrence Malick, l'un des meilleurs outsiders d'Hollywood, qui nous signe un nouveau film avec seulement deux ans d'écart sur le dernier (The Tree of Life) ; un record pour le réalisateur (qui a par ailleurs d'autres projets sur le feu). Mais prend-il un risque en sortant tous ces longs-métrages en aussi peu de temps ?


 

Et bien... oui et non ! Pour sûr, A la merveille reprend les mêmes thèmes que The Tree of Life, Malick se questionnant sans cesse sur la race humaine. Avec son dernier film, il semblait ne pas avoir pleinement trouver la réponse (plus aboutie ici) à ce qu'il voulait démontrer. Il faut donc prendre A la merveille pour ce qu'il est avant tout : un complément de The Tree of Life. Cependant, là où celui-ci comparait le minuscule et le gigantesque, pour le meilleur (le portrait touchant d'une famille et une incroyable réflexion sur la place de l'Homme dans le monde) et pour le pire (une retranscription inutile du Big-Bang et une métaphysique pauvre illustrée par des dinosaures !), ce nouveau film reste sur Terre, au plus près de ses personnages.

 

 

C'est d'ailleurs avec le lyrisme qu'on lui connaît que Malick traite son sujet. Seul un poète comme l'étaient Victor Hugo ou encore John Keats peut sublimer la Nature sans aucun artifice. C'est très certainement ce qu'est le cinéaste. Coucher de soleil, champs de blés, plaine peuplée de bisons ; tous ces éléments sont présents pour rappeler à quel point l'Homme n'est pas grand-chose au milieu de toute cette beauté. Si le taux de gros plans est assez important, le réalisateur n'en oublie pas ses décors, avec lesquels ses personnages interagissent, qui de plus reflètent leur âme. Car là est la puissance de Terrence Malick : il arrive à retranscrire l'invisible avec des images. Lorsque Marina s'ennuie avec Neil et qu'elle décide de partir, celui-ci retrouve une amie d'enfance, Jane (Rachel McAdams), seule personne qui semble pouvoir le rendre heureux. D'un autre côté, le prêtre de leur ville (autrement dit le protagoniste le plus intéressant), Quintana (incarné par le toujours génial Javier Bardem), doute de sa foi. Rarement des sentiments aussi complexes n'auront paru aussi explicites par la mise en scène. Ils n'attendent qu'un signe, qu'is n'arrivent pas à voir.

 

 

L'amour est impossible à décrire véritablement, et c'est là que Malick pose sa problématique. Peut-il être durable ou forcément éphémère ? Peut-on aimer quelque chose que l'on croit inexistant ? Y-a-t-il plusieurs façons d'aimer ? Le cinéaste place toutes ses réponses sous l'angle de la confiance. Pour autant, ce n'est pas forcément optimiste. La Nature a crû en l'Homme, mais que lui-a-t-il offert en retour ? Des paysages enlaidis et pollués, où les fils électriques sans vie traversent le ciel si beau. Si le film commence sur une touche de « merveille », en l'occurrence au Mont-Saint-Michel (lieu que Malick considère comme un entre deux-mondes, à la fois sur terre et sur la mer), les décors se dégradent autant que les personnages : place aux chantiers et aux résidences délabrées.

 

 

Néanmoins, le réalisateur a l'intelligence de ne pas mépriser sa propre espèce, et cherche à amener un capital sympathie envers ses protagonistes. Malheureusement, il n'y arrive pas forcément. Voir le couple Neil/Marina sur la durée entraîne l'alternance de scènes heureuses où on les voit danser et sautiller (moments qui deviennent d'ailleurs lassants...) et de scènes de dispute totalement gratuites dans lesquelless ils se jettent presque des meubles à la figure (non, non sérieux !). En bref, si A la merveille n'atteint peut-être pas la maestria des précédentes réalisations de Terrence Malick, il reste cependant plus qu'un film. C'est une expérience humaine et sensorielle. Si l'on accroche (il y a beaucoup de symboles et le rythme est très lent, je vous aurais prévenu), on en ressort différent. En l'occurrence, une petite merveille !

 

 

2013

États-Unis (1h52)

Avec Ben Affleck, Olga Kurylenko, Rachel McAdams, Javier Bardem...

Scénario : Terrence Malick

Distributeur : Metropolitain FilmExport

 

Note : 15/20

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7 mars 2013 4 07 /03 /mars /2013 20:06

 

Critique : Django de Sergio Corbucci

 

 

 

Un classique du western italien, très novateur et à l'esthétique sublime, qui ressort (enfin) grâce à l'hommage que lui a rendu Quentin Tarantino.

 

 

Même si le film est connu de nombreux cinéphiles, il aura fallu attendre que le passionné Quentin Tarantino nous ponde son chef-d'œuvre Django unchained pour que l'on puisse (re)découvrir sa principale inspiration. Réalisé en 1966 par Sergio Corbucci, Django fait partie de ces classiques du cinéma italien, et plus particulièrement du western italien, genre qui cherchait surtout à se distinguer de son homologue américain. L'esthétique est particulière, l'histoire parfois moins prévisible car plus osée et l'aspect violent (mais jouissif) chasse définitivement le puritanisme connu d'Hollywood à l'époque (quoique c'est encore le cas aujourd'hui !) pour ressortir les pires sentiments humains. Pas étonnant que Tarantino ait adoré !

 

 

Le premier plan du film donne le ton : Django, vu de dos, traîne un cercueil dans un paysage gris et triste, où la terre n'est plus que de la boue, ne demandant qu'à engloutir ce qui passe (rapport à l'enterrement). Le tout est d'ailleurs accompagné de la désormais célèbre chanson de Luis Bacalov (les paroles « Have you always been alone ? » sont d'ailleurs assez évocatrices). Le personnage est taciturne, on ne sait presque rien de lui (comme la plupart des héros de western réussis, L'homme des Hautes plaines à l'appui) avant que le spectateur comprenne qu'il n'a qu'un objectif : venger la mort de sa femme (ça peut paraître cliché mais c'est très bien amené). Jouant beaucoup sur la symbolique plutôt que sur l'explicitation des évènements (rendant le voyage du héros initiatique), Corbucci amène un côté funèbre omniprésent. Il y a peu de personnages (les villageois ont déserté pour la plupart), rendant la ville presque fantomatique. Cependant, deux « groupes » se la disputent : les fanatiques du major Jackson et les Mexicains. Ces ennemis renforcent le duel entre la vie et la mort. Le cinéaste n'est pas un idéaliste, et la faucheuse l'emporte souvent. Les cadrages sont soignés, et n'hésitent pas à insister sur les éléments que Corbucci veut appuyer (à travers des zooms ou avec des jeux de focale). Ainsi, de nombreuses croix accompagnent la quête de Django. Le combat final se passe même dans un cimetière. Pas étonnant que Tarantino ait adoré !

 

 

Mais le réalisateur pousse sa symbolique encore plus loin. Si le cinéma américain sublimait la guerre dans la majorité de ses films, le cinéma européen, lui, la voyait déjà d'un œil plus réaliste. En effet, la secte du major Jackson est raciste et porte des cagoules rouges. Les références au Klu Klux Klan (pour rappeler tout de même que le film se passe aux États-Unis) paraissent aussi évidentes que celles au régime nazi. Dans une scène assez atroce, le chef s'amuse à laisser fuir de pauvres mexicains avant de les abattre, reflet de sa toute-puissance et de son sadisme. Il est bien un personnage de Sergio Corbucci, qui était lui-même un brin pervers. Qui aurait osé torturer son héros en faisant piétiner ses mains par des chevaux, le rendant inapte à utiliser son pistolet ? Et ce n'est pas comme si le film contenait des scènes de massacre (!) De plus, le cinéaste mêle à sa violence une certaine ironie (au cas où ce ne soit pas assez cruel comme cela !) dans des répliques cinglantes telles que : « Si vous êtes croque-mort, vous ne manquerez pas de travail dans la région. » Pas étonnant que Tarantino ait adoré !

 

 

Malgré quelques petites erreurs de direction d'acteurs (certains meurent de manière exagérée) et de mise en scène (certaines scènes semblent un peu bâclées, mais Corbucci était connu pour être un flemmard), Django est véritablement un classique à voir, porté par le charisme de Franco Nero (qui a droit à une petite scène dans Django unchained). Il est par ailleurs amusant de le regarder sous plusieurs aspects. Outre son histoire intéressante et sa puissante symbolique, le film contient de nombreux éléments présents dans la filmographie de Quentin Tarantino (et pas seulement dans son hommage direct). De l'oreille coupée de Reservoir Dogs au massacre d'extrémistes d'Inglorious Basterds (j'en oublie certainement), l'outsider d'Hollywood nous confirme à quel point nous avions raté quelque chose. Pas étonnant qu'il ait adoré et on l'en remercie !

 

 

1966

Italie, Espagne (1h27)

Avec Franco Nero, José Bodalo, Loredana Nusciak, Miguel Angel Alvarez...

Scénario : Sergio Corbucci, Bruno Corbucci, Franco Rossetti, José Gutiérrez Maesso, Piero Vivarelli

Distributeur : Carlotta Films

 

Note : 17/20

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28 février 2013 4 28 /02 /février /2013 22:38

 

Critique : Möbius d'Éric Rochant

 

 

 

Un film d'espionnage bien écrit mais mal rythmé, qui doute autant que ses protagonistes, pour le coup parfaitement interprétés par des acteurs en grande forme.

 

 

Alice est une experte de la finance, qui travaille à Monaco pour un puissant homme d'affaires aux airs un peu louches. Ce dernier intéresse d'ailleurs le FSB (ancien KGB), mais aussi les services secrets américains. L'équipe de Gregory Lioubov recrute donc Alice, qui devient une agent infiltrée. Seulement, il naît une passion dévorante entre l'espion et son « Boris » comme les appellent les Russes. Une passion qui pourrait les mener à leur perte... surtout au milieu de tout ce bazar ! Pour son retour au cinéma, Éric Rochant (Les Patriotes) tente un film d'espionnage qui n'en est pas vraiment un, sans trop savoir sur quel pied danser.

 

 

En effet, le scénario a été vu et revu. Cette histoire d'espionnage industriel à multiples tiroirs accouplée d'un amour impossible fleure la production hollywoodienne qui aurait été délocalisée dans un pays plus modeste, quoique tout aussi créatif. C'est de là que vient l'hésitation d'Eric Rochant sur sa manière de traiter son film. Il peut très bien amener une belle scène d'action dans un ascenseur (Drive ?!) et deux trois autres moments de stress intense, mais cherche aussi à pouvoir placer ses dialogues (certes bien écrits) pour nous en apprendre plus sur ses personnages et sur son intrigue, par ailleurs invraisemblable à certains moments (Jean Dujardin en super-espion russe à l'accent approximatif qui arrive à cacher sa liaison avec Alice alors que tous la surveillent, on y croit moyen). Ou comment mélanger maladroitement petit blockbuster et cinéma d'auteur. Le rythme s'en trouve irrégulier, tout en obligeant le spectateur à se concentrer sur l'histoire, assez complexe.

 

 

Cependant, le cocktail des cultures cinématographiques profite à Rochant sur un point : le glamour de Möbius. A la manière d'Hitchcock (Les enchaînés particulièrement) ou encore de Christopher Nolan (Inception), le cinéaste arrive à employer ses histoires de finance comme un McGuffin (élément qui fait avancer l'intrigue sans qu'il se révèle important). Mais contrairement à son deuxième modèle (qui ne se concentrait que sur ses personnages principaux pour les montrer comme prisonniers de leur plan dans les rêves), il aborde un aspect plus social. Les nombreux protagonistes sont plus ou moins importants, mais renforcent l'aspect paranoïaque du film, sans pour autant trop l'appuyer. Car le réalisateur n'oublie pas le centre du film, à savoir la liaison entre Grégory et Alice.

 

 

Le film se déroulant à Monaco (un paradis...fiscal !), il peut donc filmer des décors somptueux et froids qu'il utilise intelligemment dans sa mise en scène. Si le travail sur les lumières artificiels n'aurait pas déplu à Michael Mann, c'est surtout sur les miroirs que Möbius livre un rendu saisissant, notamment dans la scène de rencontre des deux amants maudits. Leurs regards se croisent, se fuient et leur visage se réfléchit. Pourtant, ils ne savent pas qui ils sont, quel rôle ils jouent véritablement au milieu de tous ces doubles (voire triples) jeux. A cela s'ajoute un cadrage à fleur de peau... très près de la peau ! Les gros plans surlignent l'attachement des personnages (mais il n'en abuse pas comme dans Les Misérables !). La chair est vraie, mais à l'intérieur se cache le faux. Rochant n'est pas dupe et ne plombe pas son histoire d'un sentimentalisme mièvre. Il est réaliste, sans pour autant oublier les symboles (le tatouage). Les scènes à fort caractère érotique n'en paraissent alors que plus belles, et moins déplacées.

 

 

Bien sûr, Möbius vaut principalement pour son casting. En bad guy, on se fait toujours une joie de revoir Tim Roth (Mr. Orange et Mr. Lie to mie entre autres), celui qui arrive à faire passer sa rage et son excitation dans quelques mouvements nerveux purement jouissifs. Un an après The Artist, Jean Dujardin prouve qu'il s'améliore encore dans le registre dramatique, assisté ici de sa barbe grise et de ses muscles. Et malgré son Oscar, il a su garder la tête froide et rester en retrait pour laisser Rochant sublimer celle qu'il faut sublimer : Cécile de France. Personnage le plus fragile du film, il s'agit pourtant de la véritable machine à tuer, l'outil de séduction ultime de son cinéaste. Son personnage est touchant et reflète parfaitement les tourments qui la traverse. La beauté du couple atteint son paroxysme dans la dernière séquence, qui cependant déçoit par son happy-end (je ne spoile pas !). Si l'on était heureux de voir une passion comme on n'en voit plus au cinéma depuis la mode des insipides Twilight, on est frustré de ne pas avoir une version de Roméo et Juliette au pays des espions.

 

 

2013

France (1h43)

Avec Jean Dujardin, Cécile de France, Tim Roth, Emilie Dequenne...

Scénario : Éric Rochant

Distributeur : EuropaCorp Distribution

 

Note : 14/20

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26 février 2013 2 26 /02 /février /2013 19:07

I] Au revoir... 6h avant le départ et ma valise n'est pas prête! Ça fait trois semaines que je suis en vacances, trois semaines que j'aurais pu la faire, mais non j'ai préféré rester avec mes amies! Plus le temps de réfléchir, j'entasse tout ce qui me passe sous la main : chemises, shorts, maillots de bain, manteau... Non pas de manteau! En été, en Californie, je suis pas sûre que ce sera nécessaire! Je crois que j'ai tout ce qu'il faut, et j'ai mis qu'une demi-heure. Reste plus qu'à fermer la valise et je sens que c'est pas gagné... Bon, mathématiquement c'est impossible! Mais je vais finir par y arriver. Je prends une grande bouffée d'air, je m'installe, je me concentre et.... -Yeeeees! J'hurle. Bon la valise est bouclée, reste plus qu'à finir de préparer mon sac a dos et la c'est pas gagné! -Besoin d'aide ma puce? Me demande ma mère depuis le salon -Mais laisse-la se débrouiller, elle est grande! vocifère mon père. Il a pas tort, faut que j'apprenne à me débrouiller seule! Cet été, ils ne seront pas avec moi à ce camp. Mais c'est vrai que la j'aurais pas dit non à un peu d'aide... L'avion décolle dans maintenant 5h et je suis loin d'être prête! Calme et sérénité.... je vais m'en sortir, je dois m'en sortir! J'entends mes parents débattre sur la bonne idée que mon père a eu de m'envoyer à ce camp de vacances. Je peux toujours rêver pour avoir de l'aide. Je sors donc mon sac a dos rouge, je l'ouvre et j'entasse mp3, partitions, appareil photo et livres dedans. Mon carnet s'apprête a les rejoindre, mais je préfère l'ouvrir encore une fois pour voir les petits mots que mes amies ont laissé pour mon premier été sans elles, loin de Topeka. Ça va faire bizarre... Mais en même temps je rêve de cette colo depuis que je suis toute petite! 2 mois de guitare, NON-STOP! Je le referme, le glisse dans le sac que je m'empresse de refermer. Bon je suis prête... J'observe ma chambre rangée et plutôt vide, j'ai l'impression de partir pour 1 an! -J'avais promis de de pas pleurer, murmure ma mère en entrant dans ma chambre -Oh, ça suffit! Bon si tu veux l'avoir cet avion on va se dépêcher peut être? Déclare mon père en attrapant ma valise Il a raison. Je prends ma guitare, mon sac et je me dirige vers ma mère. Elle m'ouvre ses bras et me serre fort contre elle. Je lui dis au revoir, je me glisse hors de la chambre, traverse le couloir et je sors en me retournant une dernière fois vers elle pour lui faire un signe de la main. Quand je ferme la porte d'entrée et que je me dirige vers la voiture je vois Mary et la je manque de fondre en larme. Je cours dans ses bras. -Profite bien et appelle moi le plus possible, me chuchote-t-elle en glissant quelque chose dans ma poche, et ça tu me promets de l'ouvrir dans l'avion pour la Californie. Sa voix tremble lorsqu'elle prononce ce dernier mot. En fait, ce camp, ce n'est pas mon rêve, mais notre rêve. On devait y aller ensemble, on l'avait décidé à nos 6 ans: l'été de notre 16eme anniversaire nous devions nous rendre à Coronado Music Sea Camp. Mais Mary n'a pas pu honorer sa promesse et doit rester ici cet été, et elle m'a poussé à le faire seule et réaliser ainsi notre rêve, mais seule... Je la lâche, la regarde, fait un signe de tête en approbation et j'essuie une larme sur sa joue. Mon père klaxonne, je la sers encore une fois dans mes bras et je monte dans la voiture. Coronado, me voilà!

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25 février 2013 1 25 /02 /février /2013 22:15

 

Les César et Oscars 2013 par Le Malfaquy

 

 

 

Retour sur la session 2013 des deux grandes cérémonies de récompenses cinématographiques, avec de belles nominations, mais pas toujours de beaux résultats.

 

 

Des César pleins d'Amour mais pas assez divers.

Présentée (peut-être pour la dernière fois) par l'inénarrable Antoine De Caunes et présidée par Jamel Debbouze, la 38éme cérémonie des César a prouvé la qualité du cinéma français, en ces temps difficiles de crise et de doute, où les films américains dominent principalement le box-office (ce qui n'a pas empêché La vérité si je mens ! 3 et Sur la piste du Marsupilami de donner de très bons scores). La plupart des nominés ont été des succès autant critiques que publics, de Holy Motors à Amour, en passant par De rouille et d'os ou encore Camille redouble. Sachant qu'il n'est pas un grand nom du cinéma, le président d'un soir a eu la bonne idée de la jouer modeste, imitant parfois un certain François Hollande. Il a ainsi livré le premier ministère des César, avec entre autres Sami Nacéri à la justice, Gérard Depardieu aux affaires étrangères et Vincent Maraval aux finances ! Toujours entrecoupées de ce genre de sketchs, plus ou moins réussis (on retiendra surtout la bande-annonce de Star Wars VII version Michael Haneke), les récompenses ont débuté avec le meilleur espoir féminin, attribué à Izia Higelin pour Mauvaise fille, qui s'est sentie très honorée d'être reconnue par la famille du cinéma, après son succès dans la musique.

 

 

Matthias Schoenaerts a, quant à lui, décroché le prix du meilleur espoir masculin (pour bien rappeler qu'il n'était pas nominé dans la catégorie meilleur acteur !), l'un des quatre obtenus par De rouille et d'os, avec celui du meilleur scénario adapté, celui de la meilleure musique et celui du meilleur montage. C'est encore une victoire pour Jacques Audiard, cependant pas aussi écrasante que celle de son Prophète en 2010.

 

Car le véritable gagnant de ces César a bien sûr été Amour de Michael Haneke, qui a réussi le « Big 5 » : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur actrice, meilleur acteur et meilleur scénario original. Si Emmanuelle Riva et Jean-Louis Trintignant méritaient sans aucun doute leur prix, on peut regretter que ce résultat sans surprises ai fait repartir de nombreux films bredouilles, particulièrement Holy Motors, Dans la maison, Quelques heures de printemps et Camille redouble.

 

 

La seule réelle surprise de cette session vient des récompenses du Prénom, qui a raflé les deux prix des seconds rôles (pour Valérie Benguigui et Guillaume de Tonquédec). Les adieux à la reine repart avec trois statuettes techniques (meilleure photo, meilleurs costumes et meilleurs décors), alors que Louise Wimmer est élu meilleur premier film, Les Invisibles meilleur documentaire, Ernest et Célestine meilleur film d'animation et Argo meilleur film étranger.

 

Pour finir sur une note positive, le (trop) plein d'Amour s'est fait ressentir dans le César d'honneur, cette année attribué à Kevin Costner. Même si l'acteur-réalisateur américain n'a sans doute pas compris tous les gags de la soirée, son message a profondément touché, tout autant que sa rétrospective qui a retracé l'étendue de sa carrière riche et passionnante (bizarre, ils n'ont pas mis Waterworld...). Comme quoi, malgré un certain chauvinisme qui ressortait de la cérémonie, le cinéma à l'étranger n'a pas été oublié. Et puis, ce n'est pas comme si Amour était nominé aux oscars...

 

 

Palmarès :

 

Meilleur film : Amour

Meilleur réalisateur : Michael Haneke (Amour)

Meilleur acteur : Jean-Louis Trintignant (Amour)

Meilleure actrice : Emmanuelle Riva (Amour)

Meilleur acteur dans un second rôle : Guillaume de Tonquédec (Le Prénom)

Meilleure actrice dans un second rôle : Valérie Benguigui (Le Prénom)

Meilleur espoir masculin : Matthias Schoenaerts (De rouille et d'os)

Meilleur espoir féminin : Izia Higelin (Mauvaise fille)

Meilleur scénario original : Michael Haneke (Amour)

Meilleure adaptation : Jacques Audiard et Thomas Bidegain (De rouille et d'os)

Meilleure musique originale : Alexandre Desplat (De rouille et d'os)

Meilleur son :Antoine Deflandre, Eric Tisserand et Germain Boulay (Cloclo)

Meilleure photo :Romain Winding (Les adieux à la reine)

Meilleur montage : Juliette Welfing (De rouille et d'os)

Meilleurs costumes : Christian Gasc (Les adieux à la reine)

Meilleurs décors : Katia Wyszkop (Les adieux à la reine)

Meilleur premier film : Louise Wimmer

Meilleur film d'animation :Ernest et Célestine

Meilleur film documentaire : Les Invisibles

Meilleur film étranger : Argo

César d'honneur :Kevin Costner

 

 

Des Oscars, un nounours, des stars, une première dame.

Présenté par l'hilarant Seth McFarlane, la 85ème cérémonie des Oscars s'est révélée bien moins prévisible que son homologue français... et bien plus magique. C'est vrai qu'une apparition de Ted avec Mark Whalberg et un live d'Adèle qui interprète Skyfall avec un orchestre a tout de même plus de charme que l'arrivée en talons de Lambert Wilson aux César ! La chanteuse a d'ailleurs décroché le prix de la meilleure chanson (étonnant). Le James Bond de Sam Mendès repartira également avec l'Oscar du meilleur montage sonore, ex æquo avec Zero Dark Thirty, qui malgré son énorme buzz, n'aura rien d'autre.

 

 

Restons sur le son, et comme on pouvait s'y attendre, Les Misérables de Tom Hooper obtiennent la statuette du meilleur mixage sonore, celle du meilleur second rôle féminin pour Anne Hathaway, mais aussi celle du maquillage (alors qu'il y avait Le Hobbit dans la même catégorie !). Le premier volet de la nouvelle saga de Peter Jackson repart d'ailleurs bredouille de cette session, laissant la majorité des prix techniques à Anna Karenine (meilleurs costumes) ou à L'odyssée de Pi d'Ang Lee (meilleure photo, meilleurs effets visuels). Le voyage initiatique du jeune indien et du tigre a beaucoup plus à l'Académie, puisqu'il s'agit du film qui a remporté le plus d'Oscars (quatre), dont celui du meilleur réalisateur.

 

 

L'outsider d'Hollywood, Quentin Tarantino repart quant à lui avec le prix du meilleur scénario original pour son Django unchained, tandis que Christoph Waltz rafle pour la deuxième fois l'Oscar du meilleur second rôle masculin (le premier était pour Inglorious Basterds). Sans grande surprise, Daniel Day-Lewis remporte le prix d'interprétation pour Lincoln. Alors qu'il était grand favori, le biopic de Steven Spielberg n'est reparti qu'avec une seule autre récompense, celle des décors.

 

A la surprise générale, Emmanuelle Riva n'a pas eu la consécration qui lui était promise car c'est Jennifer Lawrence (certes douée, mais il y avait Jessica Chastain) qui remporte le prix de la meilleure interprétation féminine pour Happiness Therapy (qui n'aura rien d'autre). Très touchante et drôle, l'actrice n'a pas oublié (malgré une petite chute) de souhaiter un bon anniversaire à l'actrice d'Amour (par ailleurs meilleur film étranger),qui fêtait ses 86 ans.

 

 

Argo, quant à lui, a dû attendre un Oscar de la meilleure adaptation et du meilleur montage avant de voir le bout de celui du meilleur film. En direct de la Maison-Blanche, c'est Michelle Obama herself qui a dévoilé le nom du vainqueur. Avec une telle consécration, Ben Affleck n'a plus intérêt à participer à des projets comme Dardevil !

 

 

Au final, les deux cérémonies auront, malgré peu de surprises, su donner l'espoir que le cinéma n'est pas dans une si mauvaise pente. La grande diversité des films (dont la majorité des succès eurent de bonnes critiques) a été (presque) reflétée comme il se doit. Pas de razzia, mais une belle victoire collective !

 

P.S. : Bon anniversaire Madame Riva !

 

Palmarès :

 

Meilleur film : Argo

Meilleur réalisateur : Ang Lee (L'odyssée de Pi)

Meilleur acteur : Daniel Day-Lewis (Licoln)

Meilleure actrice : Jennifer Lawrence (Happiness Therapy)

Meilleur acteur dans un second rôle : Christoph Waltz (Django unchained)

Meilleure actrice dans un second rôle : Anne Hathaway (Les Misérables)

Meilleur scénario original : Quentin Tarantino (Django unchained)

Meilleure adaptation : Chris Terrio (Argo)

Meilleure musique originale : Mychael Danna (L'odyssée de Pi)

Meilleure chanson :Adèle (Skyfall)

Meilleur montage sonore :Per Halberg et Karen Baker Landers (Skyfall) ex æquo avec Paul N.J. Ottosson (Zero Dark Thirty)

Meilleur mixage sonore : Andy Nelson, Mark Paterson et Simon Hayes (Les Misérables)

Meilleure photo : Claudio Miranda (L'odyssée de Pi)

Meilleur montage : William Goldenberg (Argo)

Meilleurs costumes : Jacqueline Durran (Anna Karenine)

Meilleurs décors :Rick Carter et Jim Erickson (Lincoln)

Meilleur maquillage : Lisa Westcott et Juli Dartnell (Les Misérables)

Meilleurs effets visuels : Bill Westenhofer, Guillaume Rocheron, Erik-Jan De Boer et Donald R. Elliott (L'odyssée de Pi)

Meilleur film d'animation :Rebelle

Meilleur court-métrage d'animation : Paperman

Meilleur court-métrage :Curfew

Meilleur film documentaire : Sugar Man

Meilleur court-métrage documentaire : Inocente

Meilleur film étranger : Amour

Oscar d'honneur : Jeffrey Katzenberg

 

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23 février 2013 6 23 /02 /février /2013 22:40

 

Critique : Die Hard : belle journée pour mourir de John Moore

 

 

 

John McClane revient (encore !) pour aller sauver son fiston en Russie. Vieux mais toujours en pleine forme, Bruce Willis tente comme il peut de sauver ce film inégal.

 

 

Débutée en 1988 avec le désormais culte Piège de Cristal et suivie de trois autres films (dont on retiendra principalement Une journée en enfer), la saga Die Hard a révolutionné le cinéma d'action avec sa mise en scène souvent ingénieuse mais surtout grâce à son héros : John McClane. Pas question de super-soldat comme nous y avaient habitué les Stallone et autres Schwarzenegger, ce n'est ici qu'un flic ordinaire à qui il arrive plein de misères. Il sait cependant réagir dans les situations les plus extrêmes, et non sans une pointe d'humour. Particulièrement touchant, Bruce Willis a toujours su insuffler à son personnage un important capital sympathie, épaulé par les scénarios qui ont créé à McClane une vie de famille complexe. Après s'être réconcilié avec sa fille dans le dernier épisode (Retour en enfer), notre bonhomme chauve adoré doit cette fois-ci sauver son fils à Moscou des griffes de terroristes russes, découvrant par la suite un complot qui pourrait nuire à la paix mondiale (évidemment !)

 

 

La véritable nouveauté de Die Hard : belle journée pour mourir vient d'ailleurs de ce duo complémentaire, mais qui n'évite pas les conflits. Jack (Jai Courtney) est un jeune espion de la CIA, autant dire le contraire de son papa, qu'il considère comme un vieux dont les techniques de bourrin sont devenues hors-jeu. A la manière d'Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal (mais en mieux !), l'arrivée d'un rejeton jusque là caché aux spectateurs et qui en tient autant une couche que le paternel permet d'insister sur l'âge avancé de McClane. Un peu facile, cette méthode scénaristique n'a que pour but de jouer sur l'éloge des action man des eighties qui assument leur cholestérol, idée à la mode depuis les Expendables. Mais Die Hard 5 souligne aussi un lien entre John et la modernité (que Retour en enfer avait déjà entamé). Il vit dans un monde régi par l'informatique, par l'avancée, alors que lui peine à tourner la page de son ancienne vie.

 

 

Ce n'est pourtant que de la poudre aux yeux. Le monde ne change pas vraiment. Dans une réplique assez ironique, le méchant Alik (carotte à la main !) s'exclame devant les McClane : « Les années Reagan, c'est fini ! » Il a pourtant tort. Les portes du passé ne se ferment jamais véritablement (à l'image de la pièce scellée contenant de l'uranium, nécessaire à la fabrication d'armes de destruction massive) et certains traumatismes ne s'effaceront pas (les russes se remettront-ils un jour de la catastrophe de Tchernobyl ?). Vers la fin du film, John et Jack découvrent l'intérieur dévasté d'un bâtiment de Pripyat (la tristement célèbre ville se trouvant à côté de la centrale nucléaire), subsistant malgré ses murs décrépis et ses bouts de verre gisant au sol. Un décor que n'aurait pas rejeté Andreï Tarkovski dans Stalker (à découvrir d'urgence si vous ne connaissez pas). Plus tard, les pales d'un hélicoptère brisent des néons en lettres cyrilliques sur le toit de l'immeuble, reflet de la chute du communisme. A travers ses scènes d'action en apparence volatiles, Die Hard 5 réfléchit sur la stagnation de l'Homme, qui n'apprend pas de ses erreurs, mais les réitère. Au final, la symbolique du film équivaut à l'humour de John McClane : pas toujours subtile mais efficace. On pourrait regretter ce message quelque peu conservateur, agrémenté de l'habituel refrain de la toute-puissance américaine, qui, même s'il est très sérieux pour les Américains, peut être vu avec un certain second degré pour les autres.

 

 

Sur le fond, finalement, il n'y a pas grand-chose à redire. Sur la forme, en revanche, Belle journée pour mourir n'est pas exempt de défauts, principalement dus au choix de son réalisateur : John Moore. Voulant appuyer encore plus le contraste entre ancienneté et modernité, ce dernier choisit sans originalité de filmer les aventures abracadabrantesques du duo McClane comme la plupart des films d'espionnage/action depuis Jason Bourne : avec de nombreuses caméras tremblotantes, alternant au montage les prises de vues toutes les secondes pour rendre les évènements absolument illisibles (et il lui arrive aussi de mettre cinq plans pour répéter la même cascade !). Décevant mais pas si étonnant (Retour en enfer partait déjà sur cette optique) venant du cinéaste, responsable de l'adaptation bouseuse du jeu vidéo Max Payne. Avec ses vues subjectives rappelant les FPS (jeux de tir à la première personne) et son scénario au rythme en dents de scie, dont les phases d'explication ne servent que de prétexte à des séquences d'action (certes impressionnantes) qui paraissent par moments totalement gratuites, le spectateur a plus l'impression de se trouver devant une version live de Call of Duty que devant le cinquième volet de Die Hard. Les personnages, quant à eux, sont pour la plupart aussi travaillés que ceux d'un film de Michael Bay, et leur charisme frôle celui de Louis la Brocante (même le déshabillage de Yuliya Snigir dans un parking souterrain ne suffira pas à marquer les esprits).

 

 

Seul réel survivant, Bruce Willis (cabotin comme jamais) prouve qu'il est bien l'outil essentiel de la saga. Pourtant, c'est Jack et non John qui tue le « méchant » à la fin, dans un plan similaire à celui de Piège de Cristal. Le fils pourrait-il remplacer le père ? Se pose alors la critique (involontaire ?) d'Hollywood, qui perd de plus en plus son surnom de machine à rêve, préférant donner au public des suites à n'en plus finir et renflouer les caisses plutôt que de sortir de réelles nouveautés. Die Hard : belle journée pour mourir ne prétend d'ailleurs pas être plus qu'un pur divertissement à attrait commercial (admirez ses magnifiques placements de produits !). L'aspect nostalgique qu'insuffle John Moore à son film a pour principal but de donner envie aux spectateurs de replonger dans les épisodes précédents, renforçant malheureusement le fait que le sien est le moins bon. Mais malgré sa forme bâclée, Die Hard 5 remplit sa tâche, et vaut surtout pour son interprète principal, dont le personnage reste et restera l'un des plus cultes du cinéma d'action. Yippe-Kaï-yay !

 

 

2013

États-Unis (1h36)

Avec Bruce Willis, Jai Courtney, Sebastian Koch, Yuliya Snigir...

Scénario : Skip Woods, Roderick Thorp

Distributeur : Twentieth Century Fox

 

Note : 11/20

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